Philatéliste depuis l’âge scolaire, le timbre est pour moi ce que le dromadaire est pour l’homme du désert ; un compagnon fidèle, prêt à entreprendre le voyage vers les horizons les plus lointains. La philatélie offre cette alternative de s’évader à la recherche de nouvelles connaissances, de nouvelles aventures.
Ma rencontre avec le dromadaire date de plusieurs années. Je dirais même depuis mon enfance, dans les années 50, quand je voyais les caravanes de nomades arriver et s’installer aux abords de notre village tellien d’Algérie, avec tous leurs attirails juchés sur le dos des dromadaires. J’ai eu la chance, un peu plus tard, à l’occasion de mes déplacements dans le grand Sud algérien, de m’approcher de plus près du dromadaire et même de le monter. Mais c’est à travers le timbre que j’ai eu l’aubaine de faire plus ample connaissance avec la famille des camélidés et particulièrement de son espèce Camelus dromedarius
Le débutant en philatélie a la tendance naturelle de chercher à acquérir le maximum de timbres du monde entier, dans le but d’enrichir sa collection. L’enthousiasme est au comble, lorsqu’au bout de quelques années, il s’aperçoit qu’il est totalement immergé dans la multitude philatélique, d’où il ne peut en sortir. Sur le conseil de vétérans et l’expérience aidant, il entreprend de développer une thématique limitée à un sujet particulier. Je n’ai donc pas échappé à ce processus. Par la force des choses j’ai dû faire un choix préférant le dromadaire à tous autres sujets, pour moult raisons.
Tout d’abord la thématique philatélique est très peu développée chez les philatélistes, ce qui fait de cette collection un exposé original, car les émissions philatéliques sur les camélidés sont très limitées, donc difficiles à s’en procurer pour monter rapidement une collection à exposer. Enfin, le dromadaire est pratiquement le seul animal domestique qui rend le plus de services à l’homme du désert, d’où la diversité des situations présentées par les timbres et autres documents philatéliques (lettres, aérogrammes, Cartes maximum) et non philatéliques (cartes postales, vignettes, pin’s, cartes téléphoniques), ayant, bien sûr, rapport avec le sujet.
Par ailleurs, une collection éligible à une exposition philatélique internationale compétitive est soumise aux règles émanant de la fédération internationale de philatélie (FIP). Celles-ci préconisent, outres les modalités générales d’exposition, la présentation des collections par classe. La plupart des classes, au nombre de quatorze, exigent la présentation exclusive de documents philatéliques. La « classe ouverte » est la seule classe qui permet l’utilisation aussi bien des documents philatéliques que des documents non philatéliques. C’est cette classe ouverte que j'emplois pour présenter le thème de ma collection sur le dromadaire intitulée : « Dromas, le camélidé ». La classe ouverte présente une collection riche et agréable à regarder et délivre le philatéliste des rigueurs des collections classiques et traditionnelles, tout en lui ouvrant les champs de l’étude et de la recherche :
Sur quatre vingt (80) fiches 21x29, le thème est réparti en chapitres comprenant chacun de une à quatre fiches présentant chacune cinq à dix documents philatéliques. L’ensemble présente le dromadaire dans toutes les situations que permettent les émissions de timbres que j’ai pu rassembler durant plusieurs années. Des origines du camélidé aux dernières heures de son existence, un fil conducteur guide le visiteur à travers les différentes phases de sa vie.
Les conditions de reproduction, la naissance et l’allaitement entament la première période de la vie du petit chamelon. Ses caractéristiques physiques le décrivent comme un animal aux allures préhistoriques. Son alimentation nous fait découvrir un animal très peu exigent, sobre et austère. Son exploitation, à outrance par l’homme, depuis sa domestication, reflète ses capacités de grand bosseur entreprenant toutes sortes de tâches ; transport de personnes et de matières diverses, puisage de l’eau, labours des champs, acheminement de courrier et randonnées touristiques.
Sa docilité, sa fidélité et son endurance légendaires sont des qualités probantes que les pièces exposées mettent en exergue, au fil de la présentation des multiples situations. Source de produits de première nécessité, il livre régulièrement à son propriétaire lait, fibres et viandes. Les joutes, les courses et autres exhibitions foraines et zoologiques présentent en vedette le dromadaire et ses exploits. Une fiche le présente comme le champion de l’environnement, alors que d’autres attirent l’attention sur les dangers que court le dromadaire et son enregistrement, dans certaines régions, sur la liste des animaux menacés de disparition.
Cette collection, qui compte quelques centaines de timbres et objets divers en rapport avec le dromadaire et la famille des camélidés, a été exposée plusieurs fois et primée lors d’expositions nationales organisées en Algérie. Elle a été, en outre, présentée en Suisse, où elle a retenu l’attention des philatélistes et du public helvétique.
Dromas, le camélidé, a encore beaucoup d’autres facettes de sa vie à nous montrer, au gré des émissions philatéliques, de plus en plus nombreuses, paraissant sous diverses formes dans la majorité des pays d’origine ou d’adoption.
Mr Mostefa BOUZEGAOU