Le timbre-poste algérien : valeur, placement et négoce



Le timbre-poste algérien : valeur, placement et négoce

Au-delà des villes d’Alger et d’Oran dans lesquels sont nés les géants de négoce du timbre-poste, des places moins matures, s’illustrent désormais comme des marchés d’avenir en Algérie. Le patriarche de la philatélie nationale, ou plutôt la tour de contrôle qui a façonné l’imaginaire de toute une génération de collectionneurs, trône toujours au cœur de la Capitale, face à l’éternelle gare ‘‘d’Agha’’.

Si la nouvelle génération s’abreuve au savoir-faire de ses ainés, elle apporte aussi de nouvelles connaissances et un vent de fraîcheur à cette communauté : utilisation des réseaux sociaux en guise de communication, nouveau regard posé sur la pratique. Oui ! Le timbre-poste est un moyen d’existence, un placement, un métier, un négoce.

En plein montage des expos philatéliques qui doivent s’ouvrir les lendemains, ils sont nombreux à poser leurs sacs volumineux, toujours avec cet art à eux de s’implanter. Vendeurs attitrés, revendeurs, connaisseurs ou novices aspirés par cette influence, y sont attendus. Mais aussi, ces derniers temps, les mules philatéliques*, s’il fallait en rajouter.

Beaucoup se projettent en tant que tels. Ils démarrent tôt dans la collection pour apprendre à verbaliser et nommer ce qui, au départ n’était que passion. Avec quelques années encore à boulonner afin d’en connaître toute la mécanique (savoir-faire ‘‘orphelin’’ menacé d’extinction faute de transmission): c’est le temps ou presque, qui s’écoule avant de réaliser une première transaction. Quelles qu’étaient les circonstances de l’époque, il a fallu la tenue de salons régionaux (Maghrébins et Arabes) certes d’un niveau rehaussé, notamment à Constantine, Oum-el-Bouaghi, relayés par ceux de Sétif, pour que soit révélé au grand jour, ce modèle de marché. Des événements itinérants qui amènent l’univers du négoce dans nos villes. Cela se passait déjà au beau milieu des années 2000.

Au centre des attentions: Algérie-Poste, l’instance émettrice de timbres-poste, un des grands services publics, qui a fait longtemps la fierté de notre pays et qui conforte la confiance de ses clients et de ses abonnés aussi bien locaux qu’étrangers. Avec des tirages pointés à 250 000 unités pour les vignettes commémoratives (trop peu), l’entité postale fait figure d’exemple dans le monde. Les valeurs impulsées n’ont pas besoin d’adopter des codes marketing pour convaincre: elles valent bien mieux que ce que leur confèrent les catalogues spécialisés, comme cotation.

Chez nous, le négoce porte en gros sur les timbres neufs, les plus prisées avec les variétés qui en découlent. Moins pour les oblitérés que nous croyons peut-être à tort, que ce matériel est trop difficile à récupérer, que techniquement on ne sait pas faire, que financièrement ça ne vaut pas la peine. Tandis qu’au quotidien, les réserves de revendeurs ne demandent qu’à recevoir les nouvelles valeurs afin de contenter leurs clients (surtout hors des frontières) avec l’espérance de plus-values. Les boutiquiers misant sur les packs ‘‘années complètes’’ saisissent mieux les courants profonds qui animent la sphère philatélique. Avec une réelle appréciation d’une récompense qui viendra sur le tard. Mais les lots de référence demeurent les traditionnelles valeurs d’usage courant, les plus prolifiques en variétés. Ils génèrent à eux seuls le gros des transactions et ont pour clients, de discrètes ‘‘cartes de visites’’.

Sur le marché philatélique algérien, une place calme dont rien ne trouble la quintessence, on croise des vendeurs ... mais point de vestales négociantes.

Du : 17-11-2023
Auteur : Achour Oufella