Entretien avec le philatéliste, Saïd Ouzhène : J'ai collectionné plus de 45 000 timbres

Entretien avec le philatéliste, Saïd Ouzhène : J'ai collectionné plus de 45 000 timbres

C'est un passionné de timbres. Il passe ses journées à faire 'grossir' sa collection de timbres qu'il a entamée au milieu des années 70. Aujourd'hui, Saïd Ouzhène, car c'est de lui qu'il s'agit, cet enfant des Ouadhias, a dans sa collection plus de 45 000 timbres qu'il revisite souvent avec sa grosse loupe.
Ce collectionneur de timbres-poste garde toute l'histoire, non seulement de l'Algérie mais aussi des autres pays du monde. D'exposition en exposition, il gagne de nombreux admirateurs à telle enseigne qu'on l'appelle 'Monsieur-timbre'. Il est connu dans toute sa région et les localités de la wilaya. Rencontré au Festival de la robe Iwadhiyen, il nous a accordé cet entretien, où il revient sur cette passion qui le ronge jusqu'aux ongles.
La Dépêche de Kabylie :Pouvez-vous vous présenterà nos lecteurs ?
Saïd Ouzhène : Je m'appelle Saïd Ouzhène. Pour le moment, je suis retraité, mais je n'arrête pas de chercher encore à agrandir mon petit trésor. En somme, je suis philatéliste. Tout ce que vous voyez sur ces tableaux représente pour moi une partie de ma vie.
Quand avez-vous commencé à collectionner ces timbres ?
Eh bien, dès mon jeune âge. Mais, je peux vous confier qu'en 1974, j'avais déjà 35 000 petites coupures. À vrai dire, c'est mon frère aîné qui a commencé au départ, mais après qu'il eut abandonné, j'ai repris la collection. En plus, j'ai même un panorama de cartes postales du monde entier dont j'ai exposé quelques unes.
À quelle année remonte votre premier timbre ?
Mon premier timbre est émis en 1838. Après, il y en a eu d'autres. Il y a ceux de l'indépendance de l'Algérie jusqu'aujourd'hui. Et ceux-ci, depuis l'occupation française jusqu'à l'indépendance de notre pays.
Actuellement, vous avez combien de timbres ?
J’ai 45 000 timbres. Ils ne sont pas tous exposés ici. Là, je n'ai choisi que ceux qui ont marqué certains événements qui ont marqué l'histoire.
Vous consacrez tant de temps pour ce travail. Quel est votre but ?
Tout d'abord, c'est une passion et celui qui l'a ne peut l'exprimer avec des mots. Ensuite, si j'ai gardé tous ces timbres, c'est pour tout de même faire revisiter l'histoire à des générations à travers les effigies qu'ils portent. Et enfin, pour moi, c'est un défi relevé parce qu'on entend ici et là, sous d'autres cieux, qu’il y a des personnes très connues dans le domaine de la philatélie, alors pourquoi pas ici chez nous ?
Avec l'introduction des nouvelles technologies, le timbre est en déclin. N'est-ce pas ?
C'est vrai. Il y a de moins en moins de courrier qui arrive dans nos postes. Tout de même, je tiens à lancer un appel à tous ceux qui auront entre les mains une lettre affranchie qu'ils prennent contact avec moi. D'ailleurs, je passe partout pour inciter les receveurs des bureaux postaux pour signaler qu'il y a un philatéliste qui continue à collectionner les timbres.
Vous venez de participer à ce festival. Quel constat faites-vous du regard que portent les visiteurs sur ces petites 'merveilles'?
Eh bien, ils sont vraiment émerveillés. C'est avec ma loupe que je les aide à les bien observer et ils me posent des questions au sujet de tel ou tel personnage porté sur l'un d'eux. Vraiment, je suis très content de voir que les jeunes qui ne connaissent pas bien l'histoire du timbre se rapprocher de moi et me questionner.
Certainement, cette exposition n’est pas la première pour vous ?
Exact. Je saisis toutes les occasions pour mettre au devant ma collection. Mais, je vous dirais que je n'ai aucun soutien de la part des responsables au niveau de la wilaya à l'exception des autorités de notre commune, qui m'offrent quelques espaces. Par contre, à la Maison de la culture, cette occasion ne m'a jamais été offerte. À chaque fois, on me répond que collectionner des timbres n'est pas une création culturelle.
Un mot pour conclure…
Je lance un appel à tous ceux qui ont des timbres nouveaux ou anciens à se rapprocher de la Maison de jeunes des Ouadhias, où ils pourront les déposer. Puis, je veux dire qu'être philatéliste n'est pas seulement une passion, mais c'est beaucoup plus un travail de recherche, de classement, de mémoire et d'histoire. C'est toute une symbolique. Je vous remercie ainsi que votre journal de m'avoir donné cette chance d'évoquer ce métier qui n'est pas encore reconnu chez nous.

Du : 18-04-2016
Auteur : Amar Ouramdane
Source : La Dépêche de Kabylie (depechedekabylie.com)