CHERIFI MOHAMED SAD - Un grand maître de la calligraphie

CHERIFI MOHAMED SAD - Un grand maître de la calligraphie

Le plus souvent on rend hommage à nos artistes après leur disparition en « leur accrochant un âardjoun de dattes », comme dirait le dicton populaire. Eh ben cette fois-ci, on inversera le courant en mettant fièrement sur un piédestal un de nos monument encore en vite.

Ce grand monsieur des sables et des palmeraies reconnu par de grandes nations est né justement un certain premier juin. Le hasard a fait que cette année, cette date coïncidera avec l'ouverture de la deuxième édition du Festival international de la calligraphie qui se tiendra durant une semaine au Musée du palais Mustapha- Pacha, à la basse Casbah d'Alger.

Chaque algérien tient dans sa poche son oeuvre d'art, mais sans pour autant connaître son auteur. Cette oeuvre c'est la pièce ornée de la monnaie jaune de dix dinars ; et l'auteur n'est autre que le calligraphe et graveur Cherifi Mohamed.

Né un premier juin 1935 à Guerrara, près de Ghardaïa, ce mozabite est resté marqué à vie par la beauté des caractères arabes qu'exécutait l'un de ses enseignants du primaire, Said Ben Abdellah.

Après avoir terminé ses classes secondaires, il n'hésitera alors pas à opter pour des études calligraphiques. C'est au Caire puis à Istanbul qu'il apprendra cet art auprès de grands maîtres tel le professeur Hamid El- Amidi. Son premier diplôme, il le décrochera en 1962.

À l'Université d'Alger, il obtiendra un titre en 1971, et en sortira avec un doctorat en histoire de l'art islamique. Il intégra le corps des conservateurs des manuscrits chargés de recherche en 1976. Un an plus tard, il est docteur d'État en histoire de l'art islamique avec mention très honorable et obtiendra le titre de professeur en 2003.
Cherifi Mohamed qui enseigne depuis 42 ans à l'École supérieure des Beaux-Arts d'Alger possède un palmarès éloquent. Parmi ses travaux, on retrouve: l'écriture de quatre versions du coran et quatre tomes de ce livre saint, la calligraphie en caractères arabes et latins de la monnaie nationale, différents timbres-poste et des ouvrages édités à l'étranger et en Algérie.

Il est membre de jury de tous les concours internationaux de calligraphie d'Istanbul et participe à plusieurs expositions, congrès, festivals et salons, arabes et algériens.
Il a été honoré par des prix et attestations de mérite et d'hommage de présidents algériens et d'un prince-gouverneur arabe. Son premier moshaf (livre saint) de 607 pages achevé en 1978 après trois années d'écriture quotidienne soutenue, ainsi que son deuxième moshaf de 707 pages achevé en 1988, furent édités en millions d'exemplaires sous le patronage des présidents Chadli, Zeroual et Bouteflika.

Très modeste, serein et infatigable, l'artiste vient de boucler son cinquième moshaf. Sans relâche, la pointe de son roseau bien taillé et dansant, fait encore jaillir au crépuscule des versets. Peu connu du grand public, Mohamed Cherifi compte néanmoins parmi le gotha des meilleurs calligraphes musulmans du monde.
Si l'envie vous dit, allez voir ce grand monsieur le 26 de ce mois au Musée Mustapha-Pacha de la Casbah d'Alger. Il sera le clou des 39 exposants algériens et étrangers, tout comme un autre Mohamed âgé celuilà de 12 ans, symbole de la relève.

Du : 26-05-2011
Source : Le Courrier d'Algérie QNI