Les Algériens brillent par leur absence dans les expositions

Les Algériens brillent par leur absence dans les expositions

Interview de Monsieur Mohamed Achour, éditeur du bulletin PhilNews, à “Liberté”.
Dans un paysage philatélique léthargique, l’idée de lancer un bulletin dédié entièrement à la collection de timbres postaux tenait de la gageure. Et pourtant, c’est ce défi-là qui a motivé, il y a de cela 13 ans, l’éditeur de la revue bimestrielle Phil News, Mohamed Achour Ali Ahmed. Phil News est la seule publication philatélique, à parution régulière, à l’échelle du Maghreb, voire du monde arabe.

Liberté : Depuis le premier numéro paru en janvier 1995 jusqu’au numéro 67 sorti il y a quelques jours, beaucoup de chemin a été parcouru…
Mohamed Achour : En dépit des mille et une difficultés liées à un périodique spécialisé ne bénéficiant d’aucune aide, cette revue, bien que fabriquée artisanalement, est très appréciée des philatélistes algériens mais également d’amateurs étrangers. De Haddada, une petite commune de la wilaya de Souk-Ahras, sa rampe de lancement a pris de la hauteur et gagne d’année en année plus de passionnés… en Algérie et dans le monde. Mohamed Achour n’a pas hésité à nous parler de la philatélie, cette passion qui lui tient à coeur, la place du timbre en Algérie, les perspectives de la philatélie en Algérie, la situation des philatélistes.

Quelle est votre appréciation quant à la qualité du timbre postal algérien ?
Ces dernières années, le timbre algérien a beaucoup perdu de son lustre d’antan. Après la série noire des erreurs qui ont affecté certaines émissions de 2005 et le plagiat qui a entaché la conception des timbres-taxes émis le 19 avril 2006 et qui, malheureusement, sont toujours en service dans nos bureaux de poste comme si de rien n’était, pratique haïssable aux antipodes de l’acte créatif, voilà que son image vient d’être récemment ternie par le timbre erroné de la série “Écrivains algériens” émise le 16 avril 2008 à l’occasion de la Journée du savoir !

Souhaitons que cet épisode malheureux puisse servir à attirer l’attention des responsables d’Algérie Poste sur les conséquences négatives induites par le travail en vase clos. Comprendront-ils enfin qu’en égratignant le timbre, ils portent atteinte à l’image de notre pays dans le monde, devenu par la magie de la technologie un petit village en verre ?

Si la philatélie est un loisir distrayant, l’émission de timbres-poste est une affaire sérieuse, incompatible avec le bricolage auquel nous assistons. Aujourd’hui, il incombe à Algérie Poste de revoir sa copie de fond en comble afin de mettre en place un service philatélique imaginatif, innovant et performant qui travaille avec professionnalisme sur le long terme en symbiose avec tous les esprits créatifs de ce pays en vue de produire un timbre qui honore l’Algérie.

Où en est la philatélie aujourd’hui en Algérie ?
Au terme de quatre décennies de souveraineté, qu'avons-nous fait pour doter notre hobby de structures à même de hisser la philatélie algérienne au rang qu'elle mérite ? Au moment où, sous d'autres cieux, la philatélie, outil pédagogique de premier ordre, fait son entrée dans les écoles, qu'avons-nous à léguer à nos jeunes à part quelques associations qui doivent leur survie à la combativité de leurs membres. Qu'avons-nous à présenter au monde, dans quel cadre et au moyen de quels supports ? Lâchée par la poste, son parrain naturel, délaissée par le ministère de la Culture, elle qui est considérée comme le loisir culturel par excellence, négligée par le ministère de l’Enseignement en dépit du fait qu’elle constitue un support pédagogique de premier choix, la philatélie algérienne ne survit que grâce à la pugnacité d’une poignée de philatélistes passionnés.

Du : 08-12-2008
Source : Liberté (liberte-algerie.com)

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