Du mauvais usage des TIC - Une photo tunisienne au secours d'un timbre-poste algérien

Du mauvais usage des TIC - Une photo tunisienne au secours d'un timbre-poste algérien

Le dessin du timbre-poste algérien continue à pâtir du bricolage, offrant ainsi de notre philatélie une piètre image. Après une courte accalmie, voilà qu’il renoue avec les bourdes.

Le 17 mai, Algérie Poste a émis un timbre d’une valeur de 15 DA dédié aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et plus particulièrement aux télécentres.

Le hic est que la photo ayant servi, après inversion et retouches, à l'illustration de ce timbre provient du site http://tunisie.telecentresalgerie-tunisie.net et montre une animatrice au télécentre de Aïn El Beya (délégation de Fernana, gouvernorat de Jendouba), en Tunisie.

L’auteur de cette découverte fortuite, Ouari Khemissi, un philatéliste de Sétif était en train de chercher sur Internet, pour ses souvenirs philatéliques, une illustration en accord avec le sujet de cette émission.

L’outil informatique offrant de nos jours des facilités inouïes et un gain de temps précieux doit-il dispenser nos dessinateurs de tout esprit créatif ? Autant ce timbre est censé sensibiliser le grand public sur les bienfaits des TIC*, autant il incarne de par sa conception le mauvais usage qu’on peut en faire.

Cet état de fait déplorable est aggravé par le monopole haïssable qui a transformé le dessin du timbre algérien en une véritable chasse gardée.

Seuls trois artistes se partagent depuis plusieurs années l’exécution de nos vignettes postales. Le verrouillage de l’espace créatif lié à l’exécution des timbres algériens au détriment d’autres artistes jeunes et moins jeunes, érigé en politique philatélique, est une pratique blâmable qui, non seulement prive nos timbres de la richesse de leurs talents et de la diversité de leurs palettes, mais s’avère également dommageable pour l’avenir de la philatélie algérienne en ce sens qu’elle la prive de la relève qui se chargera de dessiner les timbres de demain.

Jusqu’à quand les responsables d’Algérie Poste continueront-t-ils à cultiver le mépris vis-à-vis des philatélistes en fermant les yeux sur les bévues que cette entreprise publique collectionne au fil de ses émissions de timbres ?

Des enquêtes ont-elle été diligentées à chaque fois pour retracer les dérives et situer les responsabilités ?

Qu’attendent-ils pour procéder au retrait des deux timbres-taxe plagiés (5, 00 et 10, 00 DA) toujours en service dans nos bureaux de poste depuis leur émission en 2006 ?!!

Assez de ces timbres trafiqués, bidouillés au moyen de logiciels informatiques ou même copiés à partir de cartes postales datant de l’époque coloniale. Ces timbres qui ne font pas honneur à leurs auteurs et qui portent préjudice à la philatélie algérienne porteront à jamais les stigmates de la légèreté avec laquelle Algérie Poste conduit ses affaires philatéliques depuis quelques années.

Si la philatélie est un loisir à caractère ludique et distrayant, l’émission de timbres-poste est une 'affaire' sérieuse, incompatible avec le bricolage. D’aucuns oublient souvent que ce bout de papier gommé est un attribut de souveraineté au même titre que le drapeau, l’hymne national et la monnaie ; un symbole national d’autant plus important qu’il est destiné à voyager à l’étranger. En tant que symbole d’un État, le timbre doit refléter la dignité. C’est une oeuvre graphique qui doit être exécutée avec soin, tant de point de vue technique qu’esthétique et cela jusque dans les moindres détails.

Philatélie Populaire n°535 Octobre 2011

Du : 01-10-2011
Auteur : Mohamed Achour Ali Ahmed
Source : Philatélie Populaire (Magazine)

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