Histoire postale : La poste française en Algérie 1830/1839

Histoire postale : La poste française en Algérie 1830/1839

Le 14 juin 1830, un Corps expéditionnaire français débarque sur les côtes de la Régence d’Alger, alors État de l’Empire ottoman, pour s’emparer de la ville d’Alger le 5 juillet suivant. C’est le début d’une présence française qui va durer 132 ans. Aucun autre moyen postal n’existant encore à l’époque, le traitement du courrier en Algérie (1), y compris celui des civils, reste l’affaire des militaires.

La Poste aux Armées est organisée suivant un règlement et une instruction de mars 1823, qui stipulent que les bureaux militaires sont mis en place dès lors que l’armée est à l’extérieur des frontières. Ces bureaux peuvent être soit sédentaires, soit suivre les déplacements des corps d’armées ou des divisions. Pour l’acheminement des dépêches, les militaires utilisent des chevaux ou des malles hippomobiles dont l’entretien incombe à l’Intendance.

Le tarif général reste celui instauré par la loi du 27 juin 1792, les lettres de ou pour les militaires en campagne ne supportant que la taxe intérieure française. Les lettres échangées au sein de l’armée payent quant à elles deux décimes la simple (article 69 du règlement de 1823). Il n’y a pas de distribution en dehors des lettres militaires, les civils sont priés de venir aux bureaux porter et retirer leur propre courrier.

Les griffes militaires – 1830/1835
Les postiers des bureaux militaires du Corps expéditionnaire sont dotés de griffes linéaires portant une lettre indicative correspondant à un bureau divisionnaire, placée au-dessus de la mention ARMÉE EXPÉDre D’AFRIQUE (figure 1). Au fur et à mesure de l’avancée des troupes, les bureaux divisionnaires se trouvent répartis dans les zones nouvellement conquises, et à partir de 1832, les griffes sont affectées aux bureaux d’Alger (lettre A), de Bône (B), de Bougie (C), et d’Oran (E).

Les marques de port dû comportent trois lignes, celles de port payé portent en plus la mention P.P. Il ne semble pas y avoir eu de marques de déboursés. Il existe également des contreseings en écriture cursive, reprenant sur une ligne la mention Armée Expedre d’Afrique, et surmontant l’intitulé de la fonction de l’expéditeur. L’utilisation de ces griffes linéaires militaires est supprimée à la suite de l’organisation des postes françaises dans le territoire par une ordonnance royale de juin 1835.

L’ordonnance du 26 juin 1835
L’ordonnance du roi du 26 juin 1835 relative au service des postes dans les possessions françaises du nord de l’Afrique (2) peut être considérée comme le texte fondateur de la poste civile en Algérie. La tarification des lettres de et pour la métropole reste sans changements par rapport au tarif militaire. La taxe des lettres pesant moins de sept grammes et demie distribuées entre les villes d’Afrique du Nord est fixé à deux décimes, et à un décime quel que soit le poids à l’intérieur d’une même ville. Il est de plus indiqué que toutes les autres dispositions figurant dans l’instruction générale des Postes de 1832 sont applicables au service des postes dans les possessions françaises du nord de l’Afrique. La poste en Algérie entre de ce fait dans la structure générale française.

Les timbres à date (POSS. D’AFR.)
En 1834, l’Algérie est déclarée possession française, dirigée par un Gouverneur général 3. Les postes en Afrique du Nord sont placées sous la responsabilité d’un directeur des finances, bien que le personnel sur le terrain appartienne toujours à la Poste aux Armées. Le terme d’Algérie n’est pas encore officiel, aussi les dateurs circulaires au type 14 qui entrent en service en 1835, portent, outre le nom du bureau d’attache, la mention abrégée de Possessions d’Afrique. On compte alors cinq bureaux de poste en Algérie, Alger, Bône, Bougie, Constantine et Oran. On relève une double faute de composition sur le timbre attribué au bureau de Bougie, orthographié BUGIE (POSS. D’ARF.) (figure 2), erreur qui ne sera pas corrigée.

Ce type de dateurs reste en service jusqu’à la mise en application de l’ordonnance du 21 août 1839, organisant le régime financier en Algérie.

(1) - Le mot Algérie n’est pas encore postalement officiel en 1830. Il ne le deviendra qu’en 1839.
(2) - IX, Bull. O., 1ère section, CCCLXXI, n°5, 841.

Bulletin philatélique Philagérie Octobre - Novembre - Décembre 2013
Email : philalgerie@gmail.com
Editeur : Abdelhakim Medouni

Du : 08-12-2013
Auteur : J.-F. Estel
Source : Bulletin philatélique Philagérie

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