Mohamed Achour Ali Ahmed. Journaliste philatélique : Le timbre peut contribuer énormément à la sensibilisation du jeune public

Mohamed Achour Ali Ahmed. Journaliste philatélique : Le timbre peut contribuer énormément à la sensibilisation du jeune public

-Quel est le rôle de la Poste dans la sensibilisation pour la protection de l’environnement ?
Avec 700 000 véhicules et plus de 250 000 motocyclettes et de nombreux avions, le secteur postal mondial exploite le plus vaste réseau de distribution physique de la planète.. Consciente de l’impact de son activité sur le climat, l’Union postale universelle (UPU), agence spécialisée des Nations unies pour les services postaux internationaux encourage les Postes du monde à intégrer les thématiques de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique dans leurs émissions philatéliques et les incite à hisser le pavillon écologique en participant à la lutte contre les bouleversements climatiques par la prise de mesures visant à rationaliser les circuits d’acheminement, ainsi que la consommation d’énergie et de papier et à réduire le gaz à effet de serre dans leurs activités comme le transport du courrier au moyen de véhicules moins polluants.

-Dans quelle mesure le timbre-poste peut-il contribuer à la sensibilisation du public aux problématiques environnementales ?

En raison de la raréfaction des échanges épistolaires concurrencés par les moyens de communication instantanée (mails, SMS…), le timbre-poste a beaucoup perdu de sa visibilité auprès du grand public. Par conséquent, il ne peut plus prétendre jouer pleinement le rôle sensibilisateur que d’aucuns persistent à vouloir lui attribuer. Par contre, de par sa vocation d’être un support didactique d’une efficacité avérée, il peut contribuer à la sensibilisation du jeune public à la protection des espaces naturels, à la pollution, au réchauffement climatique et ses effets désastreux sur notre planète, aux énergies renouvelables, etc. Mais cette sensibilisation environnementale des citoyens de demain ne peut être rendue possible que par l’intégration de la fonction pédagogique du timbre-poste dans l’enseignement scolaire. Pour l’heure, la philatélie demeure superbement négligée par le ministère de l’Education nationale en dépit du fait qu’elle englobe tous les domaines du savoir humain (science, géographie, histoire, arts, etc.) et qu’elle constitue de ce fait un support pédagogique de premier choix.

-Quelle est la place de l’environnement dans les émissions de timbres algériens ?

Si on évacue les nombreuses émissions qui évoquent des sujets liés à l’environnement comme la faune et la flore que nous pouvons classer dans une thématique «nature», pour nous limiter à celles traitant exclusivement de sa préservation et des dangers qui le menacent, on peut dénombrer une trentaine de timbres. Dès 1963, la poste algérienne s’est intéressée à l’environnement en lui consacrant un timbre sur le reboisement. Depuis, le catalogue algérien a accueilli d’autres vignettes traitant de sujets divers comme le barrage vert (1976), la pollution atmosphérique et celle de l’eau (1995), l’année internationale des déserts et de la désertification (2006), la protection des pôles et glaciers (2009), plus récemment la journée internationale de la diversité biologique (2018) et enfin, la ville verte (2018), un timbre qui – soit dit en passant – porte, au même titre que sa notice philatélique, le nom du ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables qui l’a proposé au lieu et place de celui de l’artiste peintre Djazia Cherrih, sa dessinatrice.

-Par rapport aux pays voisins ou arabes, où placez-vous l’Algérie en matière de philatélie environnementale ?

En bonne place. Si on considère l’Afrique du Nord, elle serait avant la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, mais derrière le Maroc qui nous devance grâce à l’innovation et à l’originalité introduites dans la conception de certaines de ses émissions.

-Avez-vous des propositions à faire dans ce sens à l’administration postale ?

Je proposerai un timbre, un feuillet et une flamme. Un timbre sur les conséquences désastreuses de l’exploitation du gaz de schiste sur l’environnement et la santé. Un feuillet, illustré par des photos montrant la civilité de jeunes bénévoles en train de nettoyer les rues et d’embellir l’espace urbain. Et enfin une flamme illustrée destinée à une large diffusion (y compris sur les enveloppes renfermant les factures téléphoniques), comportant un message de sensibilisation (veillez jeter vos masques à la poubelle !) contre le jet de masques usagés sur la voie publique et dans la nature, un geste d’incivilité qui risque de participer à la propagation du virus de la Covid-19.

Du : 10-12-2020
Auteur : Selmane Arslan
Source : El Watan (elwatan.com)